La nuit je rêverai de soleil

Roumanie, 1966. La politique nataliste forcenée de Nicolae Ceaușescu interdit l’avortement et impose aux femmes d’avoir au moins cinq enfants. Dans un pays déjà en proie aux pénuries, de nombreux enfants que leurs parents ne peuvent prendre en charge sont placés dans des institutions étatiques dédiées. Des “orphelinats” que les journaux compareront plus tard à des mouroirs. Les enfants y sont négligés, isolés, parfois attachés aux barreaux de leur lit. En 1990, après la chute du régime, la diffusion d’images de ces orphelinats fait affluer les ONG et des parents désireux d’adopter. Dans le même temps, le nouveau gouvernement roumain poursuit une politique d’adoption peu encadrée – et qui s’avère très lucrative, particulièrement à l’international, faisant du pays le “supermarché de l’adoption” pour le reste du monde. Anca Bene nous entraîne dans les rouages de cette machine infernale et tente de faire sens des archives et des témoignages qui racontent l’expérience de ces enfants perdus de la Roumanie. Mêlant fiction et réalité historique, La nuit je rêverai de soleils bouleverse sans sombrer dans le pathos, parvenant même à se ménager quelques espaces de légèreté. Portée par quatre interprètes, la pièce met en scène des êtres confrontés aux horreurs de l’Histoire, pris entre la nécessité et l’impossibilité de raconter l’innommable.